La circulation pendant la Première Guerre mondiale
L'installation d'une clôture électrique à la frontière germano-suisse donne naissance à une zone neutre. Saint-Louis, de part sa position géographique et sa proximité avec Bâle, se retrouve dans cette zone neutre. La population est sous surveillance extrême et soumise à des interdictions croissantes.
La guerre touche les soldats mais aussi la population qui ne peut plus se déplacer aussi librement qu'avant.
Dès le commencement de la guerre, la frontière avec la Suisse est fermée.
À la frontière, la douane change complètement de visage. Des postes de contrôle sont installés, ainsi que des gardes-frontières pour contrôler les mouvements à la frontière. Personne ne doit rentrer ou sortir sans autorisation spéciale.
La construction de la clôture électrique
Le général Hans Gaede, commandant en chef de l’Armée-Abteilung B installée dans le Sundgau, a pour mission de rendre imperméable la frontière germano-suisse dans le but d’éviter tout échange d'informations.
Le général décide de mettre en place une clôture électrifiée dissuasive à la frontière germano-suisse, allant du Rhin jusqu’à la ferme du Largin. L’installation débute dès l’automne 1914.
Confectionnée d’une rangée de poteaux en bois garnis de fils de fer barbelés, elle est même renforcée par une deuxième ou une troisième ligne de barbelés à certains endroits.
Sa hauteur atteint presque trois mètres. Afin de la rendre encore plus infranchissable, elle est mise sous tension la nuit
Les gardes devant la clôture à Neuweg.
La clôture s'étend de la ferme du Largin (près de Courtavon) jusqu’au Rhin, en passant par les villages de Levoncourt, Oberlarg, Winkel, Ligsdorf, Raedersdorf, Lutter, Oltingue, Hagenthal.
Les conséquences de l’installation de la clôture
Une zone neutre est mise en place le 1er octobre 1914 avec l’installation de la clôture.
Elle comprend les communes suivantes : Village-Neuf, Huningue, Saint-Louis, Michelfelden, Bourgfelden et Hégenheim.
D’autres communes rejoindront par la suite la zone neutre : Lucelle, Kiffis, Lutter, Wolschwiller, Biederthal, Liebenswiller, Leymen, Neuwiller.
À l’intérieur de la zone, la population est soumise à certaines règles de circulation.
Ces nouvelles dispositions sont publiées dans le « Oberelsässischer-Volkfreund » dont voici un extrait :
O.V Journal n° 117, jeudi le 1er octobre 1914.
Réglementation de la circulation frontalière
Il sera constitué une zone neutre dans laquelle les communes ci-après seront incluses : Village-Neuf, Huningue, Saint-Louis, Michelfelden, Bourgfelden et Hégenheim.
Les habitants des communes ci-dessus nommées pourront, comme d’habitude, se rendre en Suisse, munis d’un laissez-passer établi par les maires. À partir de cette zone neutre, toute circulation sera interdite vers le nord et vers l’est.
Les routes seront barrées par les militaires. Pour passer ces barrages militaires, un sauf-conduit devra être présenté, établi par la Kommandantur, portant impérativement un tampon, ainsi que la date de délivrance. Cette date ne devra pas être antérieur au 29 septembre 1914. Le dossier de demande d’un sauf-conduit devra être accompagné d’un certificat de motivation, signé par le Maire. La réglementation concernant l’utilisation de bateaux sur le Rhin reste inchangée.
Tous les voyageurs venant de la Suisse, désirant sortir par la zone neutre, seront à renvoyer, ainsi que ceux d’en face de ladite zone, venant d’Allemagne.
Saint-Louis, le 29 septembre 1914
Von Bodungen, général de division, commandant des fortifications du Rhin supérieur.
La population doit se munir de laissez-passer pour sortir et rentrer dans la ville.
Certains moyens de transports sont aussi soumis à des réglementations spécifiques. Le tram à Saint-Louis est mis en arrêt et les gens n’ont plus le droit de se déplacer en vélo, sauf s’ils ont des autorisations spéciales.
Sources :
- Archives municipales de Saint-Louis
- Dossier 5H24
- Dossier 5H25
- Dossier 5H26
- Dossier 5H27
- Dossier 3Fi1/44
- Dossier 476W1
- Annuaire 2004 de la Société d'Histoire de Saint-Louis
- Article de Célestin Meder, De juillet 1914 à août 1915… Comment les Ludoviciens furent confrontés aux rudes réalités de la Grande Guerre.
Article mis à jour le 30/03/2022